LA MARINE MARCHANDE EN CORSE La compagnie Valery (1840 – 1883)

Source : https://www.corsicamea.fr/chroniques/navires/valery.htm

Joseph Valery

Au départ de l’aventure il y a les frères Jean-Mathieu et Joseph VALERY, originaires de Poretta-Brando. En 1840, ils fondent à Bastia la compagnie qui porte leur nom et avec l’un des premiers navires à vapeur, ils créent la ligne Bastia-Livourne et constituent peu à peu une flotte chargée du transport de voyageurs, des marchandises et du courrier.

La société Joseph et frères Valery  a vu le jour. Elle exploite à présent cinq bateaux (Le Télégraphe, Le Golo, L’Ambassadeur Pozzo-di-Borgo, Le Letizia, Le Maréchal Sébastian) au départ sur les lignes i>Bastia – Livourne, puis Marseille, Ajaccio …

En 1847, Le Bonaparte premier navire à hélice, viendra rejoindre la flotte de la compagnie Valery marquant ainsi un net progrès par rapport aux navires à roue à aubes.

Après la mort de Jean-Mathieu en 1854, son fils s’associe avec son oncle Joseph. En 1856, la flotte s’est élargie avec de nouveaux navires : L’Ajaccio  – Le Bastia – Le Progrès – L’Industrie – La Louise – Le Jean-Mathieu – L’Insulaire – Le Général Abbatucci.

Joseph Valery cofondateur de la société meurt en 1861.an>

En 1862, l’Etat concède à la compagnie le service maritime Nice-Corse.

Mais l’arrivée de la compagnie Fraissinet et les catastrophes successives vont mettre fin à 18 ans d’hégémonie : La collision du Prince Pierre Bonaparte le 17 février 1869, le naufrage du Général Abbatucci le 07 mai,  dont le trésor relevé en 1996 fera l’objet d’une vente prestigieuse à Londres chez Christie’s, la guerre de 1870, des négociations difficiles avec l’État, finiront par conduire cette compagnie à sa perte.

En 1873, la compagnie perd le marché du service postal de Corse qui passe à Fressinet.an>

Joseph Valery meurt à Florence en 1879 et la société sera finalement rachetée par la Compagnie Générale Transatlantique.

Durant leur présence sur les lignes de Corse jusqu’en 1883, quarante-six navires auront navigué sous le pavillon de la compagnie Valéry.

 

L’AJACCIO (1872-1900)

L’AJACCIO est le deuxième d’une série de huit navires – Afrique (1872), La Corse (1872), Bastia (1872), Immaculée Conception (utilisé comme cargo par la CGT, 1872), Maréchal Canrobert (1873), Mohamed El Sadock (1873), Lou Cettori (1873) – construits pour le compte de la Compagnie Valéry et cédés à la Transat en décembre 1880.
Le navire est mis en service en 1872 sur les lignes d’Afrique du Nord et de Corse.
Le 25 janvier 1900, sous affrètement de la Compagnie Fraissinet, par un coup de mistral, il s’échoue à l’entrée du port de Marseille sur les roches du Pharo et chavire sur le côté.

Il est alors déclaré perte totale.

 

L’AMBASSADEUR POZZO-DI-BORGO (1843-1865 ?)

L’AMBASSADEUR POZZO-DI-BORGO à été construit à Nantes en 1843.
Ce vapeur jaugeant 28 tonneaux et doté d’une machine à vapeur d’une puissance de 28 CV a fait naufrage au large de Campomoro en 1851.
Le lieu du naufrage se situe à environ un kilomètre de la pointe di U Scalonu, derrière la tour de Campomoro.
Il semble que le navire, renfloué, ait navigué encore quelques temps avant d’être démoli en 1865.

 

LE BONAPARTE (Janvier 147-Octobre 1847)

Dès 1847, la compagnie Valéry, jusque là propriétaire de bateaux à roues à aubes, fait construire aux chantiers de La Ciotat Le BONAPARTE, premier bâtiment français à hélice en Méditerranée.
Malheureusement, le bateau, lancé le 17 janvier 1847, coule le 19 octobre de la même année après avoir été abordé en pleine nuit par le Comte de Paris.

 

LE GENERAL ABBATUCCI (1857-1869)

Armement : Cie VALERY
Chantier de construction : Greenock – Ecosse
Longueur : 57.30 m – Largeur : 7.40 m – Jauges brute : 280 tx
Propulsion : 1 moteur anglais – puissance : 120 cv

Le 7 mai 1869, le GENERAL ABBATUCCI est coulé par le voilier norvégien Edouard Hwidt à 25
milles de Calvi faisant une cinquantaine de victimes.
L’épave a été localisée le 19 mai 1996 par La Blue Water recoveries LTD. Cette découverte permis de remonter une partie des objets, un véritable trésor qui a fait l’objet d’une vente chez Christies à Londres le 7 Octobre 1997.

 

LE JEAN-MATHIEU (1851-1892)

Armement : Cie VALERY
Année de construction : 1851 – Année de mise en service : 1855 – Chantier de construction : Malo et Cie – Dunkerque –
Longueur : 52,50 m – Largeur : 7,50 m – Jauge brute : 405 tx.
Propulsion : Voile/Vapeur à hélice – Puissance : 120 cv – Vitesse : 9 nœuds.

Le JEAN-MATHIEU était un cargo mixte voile/vapeur qui avait la particularité d’être l’un des premiers bateaux à hélice de Corse.
Il a été construit en 1851 par les chantiers Malo et Cie, constructeurs de navires à Dunkerque, mais il n’est entré au service de Messieurs Valéry frères et fils, armateurs à Marseille, qu’en 1855. Il a été nommé Jean-Mathieu en mémoire de l’un des deux frères, Jean-Mathieu Valéry, décédé le 17 avril 1854.
D’une longueur de 52.5 mètres pour une largeur de 7.5 mètres et un tirant d’eau de 4 mètres, il jaugeait 405 tonnes. Sa machine à vapeur développait une puissance de 120 cv et propulsait le navire à 9 nœuds, grâce à un équipement révolutionnaire à l’époque, une hélice. Le navire était aussi équipé d’un gréement composé de deux mâts, bien que son dernier acte de francisation du 2 décembre 1889 indique, raturé et corrigé, qu’il possède trois mâts (peut-être des modifications ou aménagements ont-ils été apportés lors de la cession du navire à la compagnie marseillaise Morelli, en 1883…).

 

Le bateau partit de Dunkerque dans le mois de février pour son voyage inaugural et arriva à Marseille le 13 mars, après avoir subi une suite de tempêtes et avoir été contraint de relâcher à Gibraltar. Il fut par la suite exploité sur la ligne Bastia/Nice. Le 12 février 1892, sous le Pavillon de la Cie Morelli, le Jean-Mathieu fait naufrage à quelques encablures de la Girolata, face à la pointe Punta Rossa, à la limite de la zone qui allait devenir la réserve de Scandola. Il venait de partir d’Ajaccio avec un chargement de bois à destination de Marseille. Il se trouvait en face du golfe de Porto quand une voie d’eau se déclara. Le capitaine du navire en difficulté, ne parvenant pas à étancher la voie d’eau, amena son bateau au plus près de la côte, de façon à faciliter l’évacuation de l’équipage, avant que le Jean-Mathieu disparaisse sous les eaux. L’équipage au complet put regagner le rivage dans les canots de sauvetage, sain et sauf.
Les restes de cette épave sont imposants et répandus sur un périmètre assez important autour du Sec de Punta

, par 28 mètres de fond, aux coordonnées suivantes : latitude 42° 19’ 9 N et longitude 08° 33’ 2 E. La chaudière est encore visible au milieu de la coque, dont l’arbre d’hélice et son hélice sont toujours en place. L’épave est habitée par une faune très importante, du fait de la proximité de la réserve de Scandola.

Source : https://www.plongee-infos.com/chaque-jour-une-epave-12-fevrier-1892-le-jean-mathieuen-corse/

 

LA LOUISE (1855-1860)

Armement : Cie VALERY
Chantier de construction : Scott Shipbuilding et Engenering – Greenock – GB
Longueur : 55 m – Largeur : 7 m – Propulsion : Voile/Vapeur
Puissance : 120 cv – Vitesse : 8 nœuds.

Le navire La LOUISE était l’un des fleurons de la flotte de la compagnie corse Valery Frères & Fils. C’était un navire à vapeur et à voiles de 55 mètres de long sur 7 mètres de large pour 5 mètres de tirant d’eau. Sa machine de 120 cv lui permettait d’atteindre la vitesse de 8 noeuds mais il jouissait en plus d’un gréement de trois mâts.
En 1831, alors que la navigation à vapeur balbutiait à peine, le vieux port de Bastia accueillait 28 navires jaugeant 382 tonneaux. En 1845, le projet d’un nouveau port dans l’anse Saint-Nicolas recevait un début de financement, le trafic marchand allait doubler avec 59 navires dont cinq à vapeur battant pavillon de la compagnie Valery, née en Corse et assurant les rotations aussi bien avec Marseille qu’avec Livourne. La cité de Bastia connut ainsi une expansion sans précédent, où le transport maritime réactiva l’agriculture et favorisa l’industrie.
Convaincu de l’importance croissante de la ville, le gouvernement de Louis-Philippe se proposa d’y développer un port moderne répondant aux nouvelles normes. Mais aucun port ne peut se vanter d’être sûr à 100%… C’est dans ce contexte que la Louise assura la ligne Livourne – Bastia, de sa mise en service en 1855 jusqu’au 23 février 1860.
Tout commença le mercredi 22 février 1860. Le vapeur Louise, de la société française Valéry Frères et Fils a appareillé du port de Livourne en Italie, pointant directement vers le port de Bastia en Corse.
À bord, il y avait environ 80 personnes, y compris l’équipage. Parmi eux se trouvaient des ouvriers, des gens ordinaires et toute la compagnie de théâtre Gagliardi. Le fondateur, Luigi Gagliardi est né à Venise en 1819 ; il était le fils de deux humoristes modestes mais populaires de l’époque. Luigi et sa compagnie avaient une vie pleine de difficultés et de vicissitudes, échappant à un premier naufrage en 1841, se retrouvant en prison en 1849 pour avoir présenté à son public une pièce interdite par la censure, subissant l’incendie de son théâtre en 1855… Gagliardi chercha de nouvelles possibilités et, à la fin de l’hiver 1860, il embarqua, avec toute sa troupe, vers la Corse dans l’espoir de rencontrer sur l’Île de Beauté le succès qu’il espérait depuis si longtemps.
Avec sa compagnie qui comprenait sa femme accompagnée de leurs deux fils, un beau-frère avec sa famille et divers autres artistes salariés, Luigi a dépensé le peu d’argent qui lui restait dans des billets pour embarquer à Livourne pour la Corse sur le paquebot Louise. Cette fois, le malheur de Gagliardi aboutit à un drame terrible. Dans la nuit du 22 au 23 février 1860, alors que la Louise effectuait sa traversée, une terrible tempête s’abattit sur la mer Méditerranée devant la Corse. Le vent soufflait, la tempête se déchaînait, la mer battait sur la côte. Il était minuit et demi, la Louise, malmenée par les éléments, manqua l’entrée du port, manoeuvra et réapparut une seconde fois devant le chenal. Ce fut le drame.
Un fort coup de vent poussa le navire vers le banc de rochers qui s’élevait entre le port et le phare. Le choc fut si terrible que la Louise, coincée dans la vieille jetée se brisa et l’eau l’envahit. Tout le monde paniqua. Seul le chef mécanicien Cambiaggi fit preuve d’un courage exceptionnel en se lançant dans la salle des machines abandonnée par les chauffeurs et réussit, alors que l’eau montait rapidement, à purger les soupapes de sécurité et à éviter l’explosion de la chaudière au contact de l’eau froide. La plupart des passagers sautèrent dans l’eau. La scène qui suivit fut dramatique. Bien que les secours commençaient à s’organiser dans le port, l’état de la mer en furie rendait toute approche des lieux du naufrage extrêmement périlleuse.
Quelques-uns parvinrent à atteindre la jetée. Les plus nombreux, précipités contre les rochers, furent avalés par la mer. Sur la jetée, le commissaire de police fit allumer de grands feux. Même le maire et toutes les autorités étaient là. Moins de deux heures après le début du drame, seul le mât du navire émergeait encore, sur lequel cinq passagers avaient trouvé refuge. Après des efforts désespérés, trois capitaines du port parvinrent à les sauver, mais 44 personnes (50 selon les sources) avaient perdu la vie.

On rapporte plusieurs épisodes douloureux de ce triste drame. Huit personnes qui avaient réussi à embarquer dans un canot furent également jetées contre les rochers et englouties. Une jeune femme dont le mari venait de périr était dans l’eau, tenant son enfant serré contre elle. Elle parvint à le lancer à quelques hommes qui se penchaient vers elle depuis la jetée. Les hommes récupérèrent l’enfant tandis que la mère était entraînée par les flots et disparaissait de la surface.
En cette fin de nuit, parmi les 44 (ou 50 ?) passagers manquants, 28 étaient les artistes de la troupe de théâtre de Luigi Gagliardi qui devait se produire le lendemain à Bastia. Sur la troupe, seuls Luigi le directeur et l’un de ses fils ont été sauvés. Luigi, très bon nageur, avait essayé désespérément mais sans succès d’amener ses enfants en sécurité. Il s’était retrouvé épuisé à terre avec un seul d’entre eux. Le lendemain, continuant à plonger à la recherche des siens, il réussit à récupérer le corps de sa femme. Parmi les rescapés, il y avait aussi le représentant de la compagnie de navigation, six marins ainsi qu’un employé du journal Le Courrier de Marseille qui publia par la suite un récit détaillé du naufrage dans les pages du journal. Le jour suivant, les cercueils contenant quelques corps récupérés dans la mer ont été déposés dans l’église où, les jours suivants les funérailles ont eu lieu en présence des autorités.
Dans son ouvrage « Souvenirs d’un homme de lettres » en 1889, l’écrivain français Alphonse Daudet a évoqué brièvement le drame de la Louise : « …je me rappelais qu’il y a dix ans (sic), par une nuit semblable, j’étais sur la terrasse d’une hôtellerie de Bastia à écouter une canonnade funèbre que la haute mer nous envoyait ainsi, comme un cri perdu d’agonie et de colère. Cela dura toute la nuit ; puis, au matin, on trouvait sur la plage, dans une mêlée de mâts rompus et de voiles, des souliers à bouffettes claires, une batte d’arlequin et des tas de haillons pailletés d’or, enrubannés, tout ruisselants d’eau de mer, barbouillés de sang et de vase. C’était, comme je l’appris plus tard, ce qui restait du naufrage de la Louise, grand paquebot venant de Livourne à Bastia, avec une troupe de mimes italiens. »
Les restes de la Louise dorment toujours près de l’entrée du port de Bastia, par 18 mètres de fond, à la latitude 42° 41’ 50 N et la longitude 09° 27’ 25 E. L’épave n’a pas résisté au temps et à la fureur des éléments. Les membrures et le fond de la coque s’élèvent encore au-dessus d’un fond sableux parsemé de posidonies. La proue est également reconnaissable, ainsi qu’une ancre. Si l’épave est fortement dégradée, il n’en reste pas moins que le site suscite encore une forte émotion à l’évocation du drame qui s’est déroulé là, par une nuit de tempête, sous les yeux horrifiés des habitants impuissants.
Source : https://www.plongee-infos.com/chaque-jour-une-epave-23-fevrier-1860-le-drame-de-lalouise-a-bastia/

 

LE ROI JERÔME (1861-1892)

Armement : Cie VALERY
Chantier de construction : Scott et Co – Greenock – Ecosse
Longueur : 62 m – Largeur : 9 m – Propulsion : Voile/Vapeur – Puissance : 150 cv
Autre nom de baptême : COMTE JOSEPH VALERY.

Le trois mâts à vapeur ROI JERÔME a été construit en 1861 à Greenock en Ecosse, pour la compagnie Valéry Frères & Fils, de Marseille. Il devient en 1877 le Comte Joseph Valery, en l’honneur du cofondateur de la compagnie décédé en 1861.
Le 04 janvier 1890 dans l’après-midi, il quitte Bastia pour Marseille. Près de l’île de la Giraglia l’arbre d’hélice du navire se rompt. Le capitaine décide de continuer avec les voiles en se déroutant vers Barcaggio pour trouver un amarrage sûr à La Giraglia et pouvoir réparer l’avarie en toute sécurité mais un fort vent d’ouest dévie le navire est dévié de sa trajectoire et heurte un récif à l’entrée de la baie de Barcaggio. Il fait naufrage le 5 Janvier 1892 par un échouage au large de la tour d’Agnello.
L’évacuation des passagers et de l’équipage se déroule dans le calme tandis que le Comte Joseph Valéry commence à couler progressivement et finit par disparaître de la surface.
On déplore la mort d’un seul passager. Au cours de son embarquement dans une chaloupe, il est tombé entre la coque du paquebot et le canot de sauvetage qui l’a écrasé.

 

L’épave se trouve encore aujourd’hui dans quelques mètres d’eau, soumise aux vagues et aux tempêtes qui ont dispersé les morceaux du bateau sur une grande surface. Un nombre impressionnant de morceaux de métal, de tubes et de plaques, ainsi qu’une partie de la proue sont encore visibles.
Après La Louise devant Bastia et Le Jean-Mathieu à Girolata, le Comte Joseph Valery est le troisième navire de la compagnie Valery à faire naufrage.
Source : https://www.plongee-infos.com/chaque-jour-une-epave-5-janvier-1892-le-comte-josephvalery/

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